Aurélie Pingent

INTERVIEW DE

LYSISTRATA

« Bonjour Lysistrata, comment vas-tu ?
Tu sembles bien seule, toi et tes amies ? Où sont donc vos maris ? »
« Et bien ces pauvres imbéciles sont repartis au combat; ils ne font que ça ; ils nous promettent à chaque fois que ce sera la dernière mais ils finissent toujours par reprendre lances et épées.
Nous pleurons, nous implorons; rien n’y fait mais je crois avoir trouvé le remède à ce mal. »

« Ah et quel est-il donc ? »
« L’abstinence! Si j’arrive à persuader toutes les femmes des cités voisines de se refuser à leurs maris, ils seront bien obligés de rendre les armes. »
 

« Et bien quelle détermination! que d’audace!
C’est une entreprise de grande envergure dans laquelle vous vous lancez! »
« Oui, il faut agir !
Accepter de sortir de notre condition de femme dévouée au foyer, quitter nos métiers à tisser.
Il y a urgence !
Aucun droit juridique ni politique ne nous sont reconnus ! Alors, il est temps de prendre notre destin en main, de montrer à nos chers maris notre volonté d’inverser les rôles dans cette société qui proclame que « La guerre est l’affaire des hommes et la maison, celle des femmes !»
Et s’il le faut, nous irons plus loin ! »
 

 « L’idée de priver les hommes du plaisir de la chair semble bien choisi pour punir ces va- t- en guerre. »
« Oui, mais je m’attends à quelque réticences de la part des autres athéniennes.
Elles n’auront peut-être pas la volonté de se priver des douceurs de l’amour.
A moi de les rassurer en les persuadant que ce n’est qu’une menace envers nos hommes ; s’ils reviennent à la raison, nous ne serons pas obligées de mettre notre plan à exécution.
Mais oui, je pense qu’ils vont réfléchir à 2 fois avant de se réengager. »

« Le sexe occupe- t-il une place importante dans votre société ? »
« De leur côté, il existe une grande liberté d’action…Point s’en faut.
Pour nous, contrairement à nos maris, notre sexualité est très bridée ; notre rôle principal se limite à produire des enfants légitimes.
Inutile d’espérer user de nos charmes ailleurs, nous serions clouées au pilori immédiatement ! 
Le patriarcat domine notre société jusque dans nos draps ! »

« A travers son œuvre, Aristophane, grand partisan de la paix, nous livre les bases d’une société démocratique, penses-tu qu’à travers les siècles, sa voix réussira à se faire entendre ? »
« Il faut déjà espérer que la lutte que nous allons mener aura amorcé un changement dans les esprits.
Que d’autres continueront notre combat.
Nous sommes aujourd’hui les femmes de demain.
Pour y parvenir, l’éducation et la culture pourraient être des marqueurs essentiels à l’évolution de la société.
Gageons que le signal d’alerte d’Aristophane traverse le temps.
Il est temps que s’installe une paix durable, que la quête du pouvoir cède la place à la quête du bonheur. »

Interview réalisée et rédigée par Catherine Ignaczak,
bénévole au Festival de théâtre en Val de Luynes.

Pour plus d’infos, consulter le site de la compagnie : https://www.labencompagnie.fr

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