SACRE BORDEL

Affiche Sherlock Holmes et la Vallée de Boscomb

Les comédiennes ce sont elles !

Delphine Le Puth est « Blanche »

Lucille Brunel est « Marguerite »

Elyse Fruttero est « Apolline »

Aurélie Pingent

LES COMEDIENNES

Delphine Le Puth est « Blanche »

Comédienne depuis 2010, elle a notamment joué dans
« Le tour du monde en 80 jours »,,
« C’est bien fée pour moi »,
« Le songe d’une nuit d’été »,
« Le prénom »,
« Mission Molière »

Lucille Brunel est « Marguerite »
Comédienne depuis 2006, elle a notamment joué dans différentes comédies telles que « Arrête de pleurer Pénélope », « Chéri on se dit tout »,
« Sois parfaite et t’es toi ! » (dont elle est co-auteur), « L’homme parfait n’existe pas ! », « Ils s’aiment », dans classiques ou contemporains tel que « Le misanthrope », « Marie grande gueule » ou encore dans un spectacle jeune public
« Émile le roi de la récup ! »

 

Quelques mots de l’auteure…

Elyse Fruttero

Avec « Sacré Bordel » j’ai eu envie de parler d’histoires de femmes, de générations, et  de la vision de la sexualité à travers les âges, 20 ans, 30 ans, 40 ans.

Pourquoi une maison close me direz-vous ?

N’est-ce pas le meilleur endroit pour parler d’amour, où plutôt de sexualité !

Et pourquoi 1900 ?

À cette époque la prostitution était
« légale et autorisée » (surtout, elle était contrôlée  par l’état !)

Beaucoup de femmes y avaient recours pour compléter les fins de mois difficiles… Mais c’était surtout la grande époque du Bordel, d’ailleurs on disait de Paris qu’elle  était le « Bordel de l’Europe »

Nous étions sur la fin du Règne des « cocottes » ou des « grandes horizontales»,  certains hommes très fortunés ont tout donné à ces femmes.

Cette pièce est en 1900 mais elle pourrait se passer en 1950, 1970, 2000 ou 2020, la  problématique est intemporelle et c’est un parti pris assumé d’avoir une ambiance musicale anachronique, Régine côtoie Janice Joplin et les Jackson 5 …

J’ai donc voulu imaginer ces trois femmes, différentes mais en même temps tellement proches, chacune est le miroir de l’autre selon son âge et sa place dans la société, elles ont une vision différente du monde et des hommes.

Aurélie Pingent
Aurélie Pingent
Aurélie Pingent

Elyse Fruttero est « Apolline »
Comédienne / Danseuse depuis 2005, elle a notamment joué dans « Arrête de pleurer Pénélope 1 et 2 », « Vice versa »,
« Les toizémoi fêtent leur divorce »,
« « Sois parfaite et t’es toi ! » (dont elle
co-auteur), « Si je t’attrape je te mort ! »,
« Ils s’aiment »….

Interview de Delphine Le Puth

Delphine, peux-tu nous dire quel a été ton parcours pour devenir comédienne ? Est-ce un rêve de petite fille ?

Curieusement, je me suis toujours dit que je voulais faire ça ; je suis née dans les années 90 et à mon époque, on avait tous le journal de sa naissance, c’était un petit parchemin avec toutes les célébrités qui étaient nées ou décédées le jour de ta naissance et moi il y avait énormément d’acteurs et d’actrices ce jour-là et je me disais trop « Oh, c’est un signe ! », donc voilà j’avais ça en tête. Et puis après il y a eu toute la période où on commence à te dire, il faut choisir un métier…un vrai métier, ça ne venait pas de mes parents mais plutôt des profs, alors je me suis dit que je voulais être paléontologue car j’adorais Jurassic Park. Mais plus j’avançais et plus je me disais que je voulais un métier où je pourrais vivre mille vies. Donc c’était vraiment le métier d’acteur qui pouvait me permettre de vivre mille métiers, mille histoires.

J’avais fait du théâtre à la MJC quand j’étais jeune puis j’ai fait le conservatoire d’Hector Berlioz à Bourgoin quand je suis rentrée au lycée, ensuite directement après le bac, je suis allée dans une école privée à Lyon «Acting Studio » et j’ai eu beaucoup de chance car pendant mes années d’école, il y avait des examens 3 fois par an avec un jury de professionnels et en fait ils m’ont remarquée pendant mes études et j’ai commencé à travailler professionnellement tout en continuant  mes études. J’ai pu commencer du coup à me faire un réseau, ce qui est très rare et normalement long à se faire. Alors quand je suis sortie de l’école, j’avais déjà mon réseau et j’ai commencé à travailler direct ; une chance énorme, un vrai luxe ! J’ai commencé en faisant le festival « Tout l’monde dehors » avec « Les précieuses ridicules », un festival en extérieur. J’ai eu mon 1er cachet professionnel en 2010, ça fait 13 ans déjà et j’ai eu du coup mon statut d’intermittent très rapidement, 1 an après ma sortie de l’école.

Comment as-tu rencontré Elyse Fruttero, l’auteure de la pièce ?

Alors j’ai rencontré Elyse parce que j’ai commencé à jouer au « Rideau rouge », un théâtre à la Croix Rousse à Lyon, où Elyse joue beaucoup et on a commencé à jouer ensemble dans les pièces « A cause des garçons » et « Dans la peau de ma femme » et il y a eu une belle affinité qui s’est créée, j’ai trouvé et je pense que ça se confirme puisqu’elle m’a proposé ensuite de travailler avec elle dans son projet « Sacré Bordel » et elle a même attendu que j’ai mon bébé. J’ai rencontrée Lucille aussi au Rideau Rouge mais surtout sur ce projet, et vraiment ça été une super rencontre, je suis vraiment contente de les avoir rencontrées, il y a  une vraie alchimie et sur scène on se régale.

Tu as commencé ta carrière par du classique, passer de Molière à une fille de joie, il y a un fossé. Qu’est ce qui t’a plu dans ce rôle, pourquoi ce choix artistique ?

Alors, moi déjà j’adore toutes ces années 1900-1930, je n’aurais pas aimé y vivre mais j’aime beaucoup ces années-là, et comme j’aime beaucoup travailler avec Elyse je me suis dit que ça allait me plaire et ça a été le cas ; j’ai adoré le sujet, le thème, la portée féministe de ce projet qui fait encore écho aujourd’hui. Enfin vraiment, j’ai tout aimé ; je me doutais qu’il allait y avoir des costumes et j’adore jouer en costume, j’étais trop contente. Et puis ça faisait un moment que je faisais des comédies, du café-théâtre et dans les cafés théâtres, il y a de très belles choses mais il y aussi parfois des choses moins qualitatives, j’ai envie de dire, et avec le COVID on avait besoin de faire des heures (attention heureusement qu’il y avait ces projets, je ne veux pas cracher dans la soupe) mais c’est vrai que j’en avais une peu marre de jouer  ces pièces qui parlent tout le temps du couple, j’avais l’impression de jouer toujours la même chose, je n’en pouvais plus ; je me suis dit qu’il fallait maintenant que je choisisse des projets qui me font vraiment plaisir et avec celui d’Elyse ce fût le cas, j’étais très contente de pouvoir m’y plonger.

Quel regard portes-tu sur Blanche et son innocence qui débarque dans ce bordel ?

Moi, Blanche, elle me fait beaucoup rire, parfois elle me fait penser à moi car j’ai un côté très naïf, enfin pas à ce point, j’espère quand même, mais sa naïveté, je la trouve touchante. En fait, Blanche pour moi, depuis qu’on l’a placée au couvent, elle n’a jamais eu à se poser de questions : « Tu fais ça, tu pries comme ça, d’accord » et Blanche exécutait…mais en fait, si on creuse un peu, je pense, que Blanche peut être la plus « timbrée » des trois, elle a une folie bien profonde, je pense. Mais c’est sûr que son innocence tient du fait qu’on ne lui ait jamais trop parlé de ça, encore moins au couvent. Elle se laissait guider et ne réfléchissait pas par elle-même jusqu’à ce qu’elle rencontre ces deux femmes autonomes et indépendantes, autant que faire se peut, dans une maison close.

Comment as-tu fait pour t’approprier ce rôle ?

Alors en fait comme je dégage apparemment une naïveté, une sorte d’innocence, ça n’a pas été trop difficile. Après moi j’aime bien les rôles à double face parce que quand même parfois, elle a des sorties tellement surprenantes avec toute son innocence…par exemple quand elle dit « Enfin ce cadavre il faut le découper, pas de problème, moi je le fais » … On se dit « Mais comment elle peut sortir ça ?! »

Je me suis appropriée le rôle assez facilement, j’ai juste eu un peu peur au niveau du phrasé qui bien sûr n’est pas contemporain et j’avais peur en fait de surjouer cette syntaxe un peu ancienne, d’être trop chantante (on dit ça dans le métier) et finalement à force de répétition, c’est passé.

Et d’une façon générale, s’approprier un rôle, ça demande du temps, ça demande de s’inspirer d’un personnage ?

Oui, il y a des fois, moi j’ai besoin de me raccrocher à un exemple cinématographique pour comprendre certains personnages. J’ai besoin de comprendre pourquoi un personnage dit telle réplique car il n’y a jamais de hasard, sinon l’auteur ne l’aurait pas écrit. Souvent pour bien m’approprier un rôle, j’ai besoin de lui donner un tic pour l’éloigner de moi, ça m’aide beaucoup, j’aime bien. Blanche, par exemple, son tic c’est que ses bouts de doigts se touchent souvent, ses mains s’entremêlent du bout des doigts en les gardant bien serrés comme ça.  (elle mime le geste).

Concernant la mise en scène, Elyse avait-elle une idée bien précise, ou vous a-t-elle fait participer ?

Elle avait son idée mais elle a vraiment été très ouverte à toutes nos idées, on était vraiment dans le partage, on s’est senties libres de lui donner nos idées.

Parfois, avec nos costumes, j’avais l’impression qu’on était comme trois gamines qui jouaient dans le grenier des parents et qui essayaient plein de choses.

Alors justement tu parles de costumes, d’où viennent-ils ?

Alors les costumes viennent du musée des tissus, où la sœur d’Elyse travaille, et elle a pu nous en fournir. La 1ère robe que je porte date vraiment du 19ème et il faut que je fasse attention car elle assez fragile. Les tissus des pendrillons et des canapés viennent aussi du musée des tissus et mon costume oriental vient de Tunisie. Les robes suspendues sont aussi d’époque, par contre les corsets sont plus contemporains. C’est très chouette d’avoir des beaux costumes, ça transporte.

Une dernière question plus personnelle : la condition de la femme et son évolution sont des sujets au cœur de la pièce, je sais que tu viens d’être maman alors évidemment il est plus facile aujourd’hui de faire son métier tout en étant maman, mais est-ce aussi facile avec ce métier d’actrice ?

C’est vrai qu’il y a eu du progrès de fait, mais le chemin est encore long…Je suis pourtant dans une grande ville mais à Lyon il n’y a qu’une seule crèche faite pour les horaires atypiques et qui ferme à 22 heures et c’est très compliqué car elle est à trente minutes de chez moi. Le petit vient parfois avec moi au théâtre car mon mari est également comédien et il a repris la gestion d’un théâtre dans lequel je joue. Donc pendant que je joue, mon mari s’occupe du petit car il joue aussi mais sur le créneau horaire précédent… on se croise, on se donne le bébé et on jongle comme ça souvent. Heureusement nous avons aussi nos parents qui ne sont pas loin et qui nous aident beaucoup. C’est vraiment compliqué et mais on y arrive !

Interview réalisée et rédigée par Virginie Doriot, bénévole au Festival de théâtre en Val de Luynes.

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