Photo Jérôme de Verdière

Le médecin malgré lui

De Molière

Par la BEN COMPAGNIE

 

Photo Jérôme de Verdière

Sganarelle, c’est lui !

Interview de Frédéric Martin

Depuis combien de temps jouez-vous Sganarelle ?

La pièce a été créée il y a 2 ans. On l’a jouée une dizaine de fois. Et là, on va avoir beaucoup de plaisir à la rejouer au mois de juillet.

La dernière fois que vous l’avez jouée, c’était quand ?

C’était en février lors du festival  » Vite, au théâtre » ! à Blois

En dehors de ce rôle, avez-vous déjà joué d’autres comédies classiques ?

Ah oui, avec la Ben Compagnie, on  joue beaucoup de pièces du répertoire.

La dernière en date, c’était « Lysistrata » d’Aristophane -auteur grec de comédies -sur le pouvoir des femmes. Le pitch : les femmes font la grève du sexe pour empêcher les hommes d’aller à la guerre.

Avez-vous un genre de prédilection en matière d’œuvre théâtrale ?

Dans mon parcours de comédien, j’ai d’abord commencé par travailler des pièces plus contemporaines ; j’ai fait aussi du théâtre jeune public avant de connaître Benjamin Kerautret, le directeur artistique de la Ben Compagnie.

Le classique, j’y suis venu vraiment avec Benjamin mais j’avais quand même une petite base parce que j’avais déjà travaillé dans ma jeunesse sur « l’Eventail » de Carlo Goldoni et j’avais aussi fait un travail sur les alexandrins, parce qu’on a aussi travaillé « Cyrano de Bergerac » avec Benjamin.

J’avais eu quelques éléments par ma formation.

Je joue aussi dans Cyrano, je joue Ragueneau, un très beau personnage aussi, que j’aime beaucoup.

En ce moment, je suis plus sur du classique ; j’aime vraiment jouer des pièces classiques populaires, plutôt dans la comédie; c’est vrai que j’ai beaucoup de facilités dans la comédie.

On a joué aussi quelques pièces de Georges Feydeau avec la compagnie ; ça a très bien marché.

J’aime bien les personnages comme Sganarelle.

L’image de Sganarelle, c’est un anti-héros, un personnage assez horrible : il bat sa femme, il boit… mais il y a toute l’écriture et le comique de situation qui font que cela reste comique.

J’aime ces personnages qui ont un côté sombre mais qu’on ne va pas détester.

Dans le médecin malgré lui, vous basculez du personnage d’un faiseur de fagots à celui d’un fameux médecin, toutefois roué de coups. A votre avis, quel rôle Sganarelle préfère-t-il ?

Au début, il n’avait pas envie d’être médecin ; il est pris par les évènements ; on le pousse à devenir médecin ; il avait envie très fort de rester dans sa forêt à faire semblant de couper du bois pour boire sa fameuse eau de vie.

Mais au final, il se rend compte que c’est pas mal d’être médecin (début du 3ème acte), parce qu’à l‘époque déjà – Molière a écrit énormément de pièces sur le sujet- on peut dire que les médecins n’étaient pas vraiment des médecins ; on peut le dire franchement : ils tuaient pas mal de monde ; ils faisaient ce qu’on appelait des « saignées »; ils les affaiblissaient.

 C’était des charlatans.

Oui, c’était des charlatans. Sganarelle en parle en disant : « c’est pas mal, en fait, on peut tuer des gens mais ce ne sera jamais notre faute; ce sera la faute de celui qui meurt » ; c’est dit dans le texte.

Mais on n’en dira pas trop parce qu’à la fin, il y a un retournement de situation bien sûr.

Le fait d’acquérir une certaine notoriété aussi, ça lui plait ?

Oui, c’est ça ; pouvoir gagner aussi de l’argent tout en étant respecté.

Molière fait aussi une critique de la crédulité de tout l’entourage des médecins. Les gens croient tout ce qu’on va leur dire : Martine, la femme de Sganarelle, au début de la pièce, arrive à faire croire aux serviteurs de Géronte que Sganarelle est un médecin alors qu’il entrain de couper du bois dans la forêt. Il faut quand même boire ses paroles parce que soi-disant il aurait sauvé un jeune garçon qui serait tombé d’un clocher; ça va très loin, en fait.

C’est comique mais en même temps et c’est ce qui fait la force de Molière, il y a quand même une critique de la société de l’époque.

J’aime beaucoup ce personnage, cette pièce, on pourrait dire qu’elle est encore un peu actuelle.

Est-ce que mémoriser un texte écrit en vers vous demande davantage de temps qu’un texte écrit en prose ?

Pas forcément, ce qui fait la force des écrivains qui écrivent en alexandrins, c’est qu’ils vont tellement étudier leur texte, les mots sont agencés de telle sorte qu’il y a une logique qui s’est mise en place dans leur tête, une poésie, c’est la force de la poésie, c’est à dire que les mots qui vont être choisis pour écrire ce texte, font qu’ils vont s’imprégner plus facilement dans la mémoire.

En tout cas, pour ma part, je vais avoir plus de facilités à apprendre des textes en vers.

Avez-vous des techniques pour vous aider à vous l’approprier ?

Des techniques, non ; en fait, on est tellement immergés dans le travail en répétition dans ce qu’on dit, dans ce qu’on fait avec les autres sur scène, à force de répéter, on trouve la justesse.

Michel Bouquet disait qu’il fallait constamment redire, redire le texte très très souvent pour vraiment se l’approprier ; qu’on entende que le texte a été écrit par un auteur mais que le texte sorte de nous, du personnage qu’on interprète.

 Combien de temps y consacrez-vous?

En général à la Ben Compagnie, sur l’apprentissage du texte, on passe beaucoup de temps, mais plutôt chez nous et en répétitions, on y passe assez peu de temps au final, parce qu’on est pris les uns les autres ; sur des pièces, on est beaucoup de comédiens donc c’est très difficile de trouver dans l’agenda les moments où on va pouvoir se retrouver ensemble.

Donc en très peu de temps mais on est très efficaces.

Benjamin sait assez rapidement ce qu’il veut ; ça rassure et nous, on est tellement concentrés et tellement dans l’envie d’y arriver que la magie du théâtre fait son effet et arrivés au jour J on est performants ; on donne tout ce qu’on a.

Nous comédiens, on a notre partition de mouvements, de déplacements, d’intentions, les rapports entre les personnages.

On a aussi la rythmique à respecter. Dans la comédie, c’est très important ; ça s’est beaucoup développé  avec la Commedia Dell’Arte : pour qu’un gag existe, il faut que ça se fasse sur un certain rythme et ça on le retrouve beaucoup dans la comédie.

Louis de Funès disait : « C’est plus dur de jouer la comédie que le drame ».

Il fallait être sur un certain rythme pour que le comique fonctionne.

Dans votre rôle, y a t-il des scènes à jouer plus difficiles que d’autres ?

Vous ne recevez pas coups en vrai ? (rires)

 Non, non, non, à chaque fois,  on fait très attention à ne pas se faire mal, c’est important et puis aussi il faut que le public soit rassuré ; quand on élabore des « cascades » on essaie toujours que le public ne soit pas mal à l’aise par rapport à ça. C’est très important.

La difficulté pour moi ça été peut-être plutôt dans les passages très rapides.

C’est tous les moments où j’ai beaucoup de texte et je dois aller très vite et aussi quand les répliques sont très courtes et que cela doit aller très vite aussi.

C’est peut-être là la difficulté aussi pour la mémoire de tout d’un coup de retrouver ses repères dans des répliques très courtes.

Il faut savoir aussi le texte de l’autre pour avoir bien les repères.

Il faut vraiment que ce soit du tac au tac.

D’après vous, quelle leçon Molière a- t-il voulu donne r au public de son époque avec cette pièce ?

 De ne pas faire confiance aux médecins  (rires).

Alors s’il y a des médecins ce soir ! (rires).

En tout cas, à l’époque, maintenant le propos peut-être différent mais on trouve encore des charlatans à notre époque.

Tout dépend aussi du point de vue, de la croyance de chacun.

Molière fait aussi la critique de ça ; je parlais aussi de la crédulité de chacun à cette époque, de pouvoir croire que quelqu’un qui savait parler le latin pouvait soigner les gens (et encore est-ce qu’il parlait vraiment latin ? )

Les latinistes ne vont peut-être pas s’y retrouver dans vos tirades ! (rires)

Oui la critique est là ; c’est la leçon à retirer de cette pièce.

La mère de Molière est morte quand il avait 10 ans. Il en a voulu aux médecins à partir de ce moment-là car ils étaient vraiment dans l’incapacité de sauver sa maman.

Sa colère viendrait de là.

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« Il y a parmi les morts une honnêteté ; jamais on n’en voit se plaindre du médecin qui l’a tué. »

Interview réalisée et rédigée par Catherine Ignaczak, bénévole au Festival de théâtre en Val de Luynes.

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Caroline Guisset

Comédienne

Une vie déjà bien remplie avec :

  • Une licence en communications sociales

  • Un diplôme d’infirmière (métier qu’elle exercera durant 10 ans)

  • Une formation au métier de comédienne au Conservatoire Départemental d’Art Dramatique de Blois

Elle fait ses premiers pas de comédienne avec la Compagnie du Divan (41) qu’elle codirige pendant un temps et y monte ses premiers spectacles « Toute ma vie j’ai été une femme » de L. Kaplan, « Votre maman » de Grumberg).

En 2015, elle intègre la troupe de la Ben Compagnie et incarne depuis 2018, le rôle de Roxane dans « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand.

Elle suit pendant 4 ans une master-class en chant jazz avec le pianiste Jean Christophe Chollet et en 2020, elle co-écrit avec Benjamin Kerautret deux nouveaux spectacles: un seul en scène sur la guerre de Troie et un spectacle musical sur la chanteuse, Barbara.

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Denis Miramond

Comédien

Ancien étudiant sortant de l’école Supérieure d’Art Dramatique.
Pour lui, c’est surtout l’envie, la persévérance et le plaisir de faire ce métier qui font de lui un comédien.

On a pu le voir dans « Antigone », dans « Trois Feydeau bien frappés », dans « Les Trois cheveux d’or de l’Ogre » pour le jeune public.

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Elise Ghienne

Comédienne

Formée au Théâtre Ecole d’Aquitaine, elle est titulaire d’une licence d’arts du spectacle et du diplôme national supérieur professionnel de comédien Art Dramatiques et Comédie Musicale ainsi que du Brevet d’études chorégraphiques.

On a pu la voir dans « Le Cid », « Arlequin valet de deux maîtres, « La folie d’Isabelle » et dans « Ne pas aimer Phèdre », un spectacle pour faire aimer Phèdre pour ceux qui ne pensent pas l’aimer !

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Edouard Michelon

Comédien

Il a commencé dans la publicité puis il s’est formé à l’école Claude Mathieu. Au théâtre, il a joué dans une vingtaine de pièces du répertoire classique et contemporain, récemment, dans « Napoléon », « La nuit de Fontainebleau » « et « Trop de Jaune ».

Mais il s’est retrouvé aussi devant la caméra, sous la direction de Jean-Pierre Jeunet, Xavier Giannoli, Guillaume Nicloux, Roman Polanski, Hervé Hadmar…

Sans oublier sa voix qu’on a pu entendre dans des documentaires, publicités, film institutionnels, livre audio et doublages.

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