
Les caprices de Marianne
Le théâtre de Musset
« On se lasse de tout, excepté de comprendre »
Virgile
Voilà comment nous pourrions définir l’œuvre de Musset. Tour à tour enthousiaste et désespéré, prolixe et muet, il tenta tout au long de ses écrits de pénétrer le mystère de la nature humaine et fut dans doute l’un des premiers écrivains masculins à interroger la nature féminine. Balloté dans un siècle que se cherche, Musset virevolte parmi ses contemporains à la recherche de l’amour. Mais par-delà l’amour, c’est la complexité de l’âme qui est au cœur de ses interrogations.
« Les caprices de Marianne » est une parfaite illustration de cette quête.



Le metteur en scène
Roch-Antoine ALBALADEJO

Interview de Roch-Antoine Albaladejo
Metteur en scène, comédien.
Vous codirigez la compagnie « Antre de rêves » avec Léonard Matton, comment s’harmonise votre collaboration ?
J’ai créé cette compagnie il y a maintenant plus de 25 ans… Je m’y sentais un peu seul. Il y a eu une certaine logique après mes années d’enseignant à vouloir travailler avec mes anciens élèves qui étaient devenus des amis, des complices de scène. Je voulais créer un collectif qui permette à ces ”jeunes” de créer sans avoir la contrainte lourde de l’administration. C’est assez naturellement que les choses se sont faites. Léonard a rejoint la compagnie en 2005 et petit à petit il est devenu un partenaire de travail. Lorsque je mets en scène, il joue ou collabore à la création, et l’inverse se produit quand c’est lui qui met en scène. Nous sommes assez complémentaires dans nos visions du théâtre et nos choix et aussi suffisamment respectueux de nos gouts propres.
Comment parvenez vous à passer d’un répertoire classique à une production plus contemporaine ?
Sans réellement de difficulté. Il n’y a pas de répertoire classique ou contemporain, il y a des bons textes qui font rêver et c’est cela qui nous attire avant tout. Je ne pense pas, quand j’aborde un classique ”mon dieu, il va falloir respecter plein de codes, il ne faut pas faire n’importe quoi…” C’est ce qui est magique avec les classiques, c’est que si ils sont arrivés jusqu’à nous c’est qu’ils n’ont pas pris une ride, ils sont profondément et résolument contemporains. Alors il y a la langue qui peut être exigeante, mais c’est pour ce genre de challenge que les comédiens sont faits.
Où puisez-vous vos inspirations pour vos mises en scène ?
C’est un peu partout. Pour ma part, quand je dirige mes comédiens, je donne beaucoup de référence de films, de séries. J’aime m’inspirer de tout ce qui me constitue, les choses que j’ai vues, les pays que j’ai visités… Je travaille beaucoup aussi sur des esthétiques: des objets, des photos, des impressions de « déjà vus”. Et évidemment, la musique. Elle est toujours présente dans mes répétitions, dans mes échanges avec les comédiens.
Pouvez-vous nous préciser ce que vous appelez le théâtre immersif ?
C’est un théâtre ou la scène n’existe plus. Ou, plus précisément, tout devient scène. Le spectateur est au cœur de l’action, il est convié dans les décors et au plus proche du comédien. Mais c’est aussi un théâtre ”éclaté”, le spectateur ne verra pas tout, car d’autres actions se passent ailleurs avec d’autres comédiens et d’autres spectateurs. Le spectateur devient le scénariste de l’histoire qu’il veut voir. Un peu comme ”les livres dont vous êtes le héros” des années 80 avant que les ordinateurs n’arrivent. A la fin d’un chapitre, le lecteur devait choisir ce que le héros allait faire…
Acteur ou metteur en scène, quel rôle préférez-vous et pourquoi ?
Je n’ai pas vraiment de préférence. Je pense que je suis devenu metteur en scène par ”hyperactivité”. Etre juste sur scène était insuffisant. Le plaisir d’être sur scène est un peu égoïste, construire un univers, y inviter des comédiens, des musiciens, des techniciens et créer tout un monde est plus réjouissant. C’est un travail d’équipe qui me plait beaucoup et qui est différent de celui de simple comédien.
Interview réalisée par Virginie Doriot, bénévole du festival de théâtre en Val de Luynes